Depuis quelques mois, les médias rapportent des critiques de la réforme de l’éducation qui a commencé à s’implanter en première année du primaire en 1999.
Le Collectif pour une éducation de qualité (CEQ) a demandé un moratoire sur l’application de la réforme au secondaire alors que les syndicats d’enseignantes et d’enseignants du primaire et du secondaire ont réclamé un bilan de l’application au primaire avant d’aller plus loin.
Ces critiques ont amené le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport à accepter de procéder à un bilan, mais cette opération est aussi critiquée, les questionnaires d’évaluation étant jugés biaisés par les enseignantes et enseignants.
Quel est le problème ?
C’est qu’il y a eu détournement des consensus dégagés lors des États généraux sur l’éducation et exprimés dans le rapport final de 1996. La réforme des programmes devait mettre l’accent sur les matières de base de façon à mieux outiller les jeunes qui auront à évoluer dans un univers de plus en plus complexe et changeant. Or, les concepteurs des programmes sont des tenants d’un mouvement en éducation appelé « constructivisme » qui prétend que l’enfant doit construire lui-même ses connaissances et que le professeur n’est qu’un guide. C’est pourquoi on a tant mis l’accent sur la pédagogie par projets.
Cette méthode est exigeante et prend beaucoup de temps. Des recherches ont aussi montré qu’elle est peu favorable aux élèves qui ont moins de facilitsé et aux élèves venant des milieux défavorisés. On met maintenant l’accent sur comment acquérir des connaissances plutôt que sur les connaissances elles-mêmes. L’absence de redoublement, les cycles de deux ans, les bulletins sans notes, etc. découlent de cette philosophie.
Quelle formation les enfants auront-ils avec ces nouvelles approches ?
Toute la question est là. Plusieurs failles semblent se dessiner. Et si on associe cela avec le fait que la formation des maîtres depuis quelques années comporte moins de savoirs disciplinaires pour faire plus de place à la pédagogie, il y a tout lieu d’être inquiet.
Ces inquiétudes sont accentuées du fait que la réforme s’implante dans des conditions de sous-financement chronique de l’éducation. Ce sont des conditions de classes nombreuses dans lesquelles on a intégré sans support adéquat plusieurs élèves en difficultés et où les budgets pour acheter du matériel sont serrés : comment mener à terme correctement des projets dans de telles conditions ?
Le Rapport final des États généraux avait réaffirmé le principe de l’égalité des chances et voulait relancer l’école publique. Il semble que ce n’est pas dans cette direction que se dirige l’implantation de la réforme de l’éducation. Les parents ainsi que les citoyennes et citoyens doivent être vigilants et exiger des réajustements.
Flavie Achard
Comité éducation du CCMM-CSN